B - Le règne animal


Les odeurs dans le règne animal 

Olfactomètre et phéromones

          Les phéromones sont des molécules volatiles émises par la très grande majorité des êtres vivants (humains compris). C’est un moyen de communication infaillible chez les insectes mais elles sont aussi très présentes chez les plantes et les hommes. Chaque espèce a en effet développée ses propres phéromones, mais leurs fonctions restent les mêmes.


I - Cafards et phéromones 

          Il existe donc 5 types de phéromones, dont la composition varie selon l’espèce : 
• Les phéromones sexuelles émises par les femelles, qui ont un rôle attractif sur les mâles et réciproquement. 
• Les phéromones grégaires qui permettent le maintien d’une colonie d’insectes sociaux. Grâce à ces phéromones, les insectes restent en groupe.
• Les phéromones d’espacement déposées par les individus pour délimiter leur territoire. Ce sont des phéromones non volatiles et chimiquement stables pour que leur efficacité soit maximale et de longue durée.
• Les phéromones de piste sont utilisées pour marquer le chemin séparant le refuge d’une source de nourriture. Elles peuvent aussi permettre un raid contre des colonies étrangères ou pour effectuer la migration de la colonie.
• Les phéromones d’alarme sont émises par un individu d’une espèce pour prévenir les autres individus de la même espèce d’un danger qui les menace.

          Afin de démontrer le rôle attractif des phéromones chez certains insectes sociaux, qui s’attirent en émettant des substances chimiques, nous avons fait une expérience avec des cafards dans un labyrinthe en Y (voir détails de l’expérience dans le II), que l’on a appelé l’Olfactomètre. Nous avons étudié le comportement d’un cafard isolé sous l’influence de phéromones grégaires émises par un groupe de cafards, placé à l’opposé de celui-ci.

Présentation succincte des Blaptica Dubia
          Nos cafards, communément surnommés blattes d'Argentine, appartiennent à la race des Blaptica Dubia. Au stade juvénile, la femelle a une forme ovale et aplatie. Elle est de couleur marron claire avec quelques tâches noires. 
Il faut 8 mois pour que la Blaptica Dubia atteigne l’âge adulte. Elle a une durée de vie de 2 ans. Quand celle-ci passe à l’âge adulte, elle devient noire et contrairement aux mâles, elle ne possède que des vestiges d’ailes. Elle peut atteindre les 7 cm de longueur. La Blaptica Dubia passe la majeure partie de son temps enfouie sous un substrat (en l’occurrence le sable, pour les nôtres). Après un accouplement, il faut quelques jours pour que la Blaptica Dubia donne naissance à une trentaine de larves. Les cafards de cette race vivent correctement à une température ambiante de 25ºC mais une température entre 18ºC et 20ºC leur convient aussi. Leur développement est plus lent avec des températures faibles. Ils  se nourrissent de tout mais essentiellement de fruits qui leur apportent une bonne hydratation.

          Nous avons placé nos blattes dans un terrarium improvisé. Nous avons disposé au fond de ce dernier du sable, afin de recréer leur habitat naturel, et leur permettre de s’enfouir. Des petits abris en pierre ont été posés, à même le sol. 


Notre terrarium

C’est sous ces derniers que les cafards se reposaient, se concentrant tous au même endroit, cela en raison des fameuses phéromones grégaires. Nous avons pris la décision de laisser moisir le pain et la nourriture, car les blattes apprécient particulièrement les champignons de moisissure. 
La question de l’accouplement ne se pose pas : d’une part nos protégés n’ont pas encore atteint l’âge adulte ; de l’autre, nous ne possédons que des femelles.

II - Expérience de l'Olfactomètre

          
L'Olfactomètre (cliquer pour agrandir)

1 : Boîte en queue du labyrinthe en Y où est placé le cafard isolé.
2 : Boîte centrale du labyrinthe en Y. C’est ici que le cafard isolé, après avoir quitté la boîte 1 et longé le premier tube, fait son choix de parcours selon l’influence des phéromones qu’il capte.
3 : Boîtes en tête du labyrinthe en Y. C’est dans une de ces deux boîtes que l’on place les autres cafards qui influenceront le choix du cafard isolé par leur émission de phéromones.
4 : Ventilateur posté devant les trous de la boîte qui contient le groupe de cafards en tête du labyrinthe en Y. Le ventilateur permet une meilleure diffusion des phéromones dans le labyrinthe et facilite le choix du cafard en lui permettant une meilleure réception.


          Un cafard est placé seul dans une boîte au départ du parcours en Y tandis que le reste de ses congénères est placé à l’opposé de celui-ci, dans une autre boîte, percée de trous. Grâce à un ventilateur préalablement positionné devant ces trous, on va faciliter le transport des phéromones du groupe de cafards vers le cafard isolé. Celui-ci devrait donc capter les molécules volatiles et aller rejoindre le groupe de cafards. Nous avons donc étudié le comportement de ce cafard suite à l’émission des phéromones grégaires par le groupe. Arrivé à la boîte centrale, l’insecte a donc deux choix face à lui. Soit les phéromones grégaires influencent vraiment le comportement des cafards et donc celui-ci va prendre le chemin qui mène au groupe, soit l’hypothèse est fausse ; le cafard ne sera pas influencé. Dans le cas de l’hypothèse fausse, le cafard a une chance sur deux de se tromper de tube. Afin de minimiser le facteur chance, cette expérience devra être reconduite plusieurs fois.
L'expérience admet 70% de réussite pour une série d’une trentaine d’essais sur plusieurs semaines. Comme nous n’avions que des femelles, ces dernières ont essayé d’émettre des phéromones sexuelles pour attirer des mâles. C’est surement pour cela que l’expérience compte 30% d’échec. Comme le montre la définition ci-dessus, les phéromones sexuelles émises par les femelles influencent seulement le comportement des mâles. Le cafard mit à l’écart ne pouvait pas réagir aux phéromones sexuelles émises et l’échec était donc inévitable.

 
          Les animaux s’attirent donc bien avec des substances chimiques. Chez les cafards, un individu isolé de son groupe retrouvera le « refuge » grâce aux phéromones grégaires émises par le groupe. Cette expérience démontre bien que les odeurs, en l’occurrence les phéromones, influencent le comportement de l’individu.





 
Émission et réception chez les insectes
                
          Les insectes sont dépendants des odeurs : c’est en effet grâce aux molécules volatiles que ces derniers communiquent. Alors que l’humain utilise surtout le langage oral pour échanger, les insectes ont besoin de l’odorat pour survivre.A travers les phéromones, les insectes vont transmettre des messages olfactifs de différentes natures (voir 2.1).
Nous étudierons premièrement l'émission des odeurs chez les insectes, dont nous avons mis en évidence l’existence dans l’expérience des cafards, puis nous nous pencherons sur la réception et la détection par les antennes.



I - L'émission 
          
          Les insectes émettent des phéromones pour plusieurs raisons, comme nous l’avons précédemment vu. Ces phéromones sont la plupart des fois libérées par des glandes contenues dans le corps de l’insecte. 
Tout d’abord, les phéromones d’alarme, un véritable appel au secours chimique, sont émises si un problème survient, ou si l'individu se sent en danger. C’est le cas, par exemple, des abeilles. Ces molécules volatiles, une fois dans l’air, conduisent à un comportement agressif des autres abeilles, qui attaquent l’ennemi. Mais cette phéromone a une particularité : chez les pucerons, c’est la fuite des membres de la même espèce qui entraîne la libération de la phéromone d’alarme.
Ensuite, on peut parler des phéromones sexuelles. On prendra la femelle du papillon de nuit comme exemple. Cet insecte possède une glande qui libère des phéromones sexuelles. Ces dernières excitent le papillon de nuit mâle, qui voyagera, sur de très longues distances s'il le faut, pour rejoindre la femelle et s’accoupler avec elle. Les phéromones de piste sont un autre type de molécules volatiles. 
Les fourmis marchent toujours en file, grâce aux phéromones de piste
Chez les fourmis, par exemple, elles sont émises par une glande située près de la mandibule et leur permettent de ne pas se perdre lors d’un déplacement. 
Les phéromones d’espacement aident les insectes à délimiter leur territoire, ou leur propriété : on peut citer le cas de la mouche à fruit, qui comme son nom l’indique, pond ses œufs dans les fruits. Elle va émettre des phéromones d’espacement sur toute la surface du fruit, pour qu’elle puisse reconnaitre ses petits, et éloigner les autres mères.
Finalement, les phéromones grégaires incitent les membres d’une même colonie à se regrouper : c’est cette même phéromone que nous avons mise en évidence dans la partie précédente.


II - Les chimiorécepteurs
       
          Les insectes perçoivent les odeurs grâce aux chimiorécepteurs (organes sensibles aux substances chimiques). Ils permettent, entre autres, le sens de l’odorat, grâce à une détection à distance, et sont le plus communément situés sur les antennes. Les chimiorécepteurs possèdent des sensilles qui abritent des neurones liés au système nerveux de l’insecte. Ce sont des soies innervées, de formes variées. Il existe différents types de sensilles selon leur fonction, certaines sont spécialisées, sensibles à une seule substance (eau, sel, sucre, acide...), d'autres à plusieurs. Elles sont également différentes selon le mode de développement de l’espèce. Nous nous pencherons uniquement sur les sensilles olfactives : les sensilles trichoïdes, basiconiques et placodea.
 
Exemple de sensille olfactive
Les sensilles trichoïdes sont longues, entre 30 et 600 µm, et fines, avec une extrémité pointue. Elles sortent directement de la couche externe de la peau appelée cuticule : il n'y a pas de membrane articulaire à leur base. Le milieu extérieur est relié au liquide sensillaire grâce à un petit tube qui passe dans des orifices, observables sur la sensille. On trouve ces sensilles chez les cafards, par exemple.
Les sensilles basiconiques sont assez courtes, entre 10 et 80 µm et ont une extrémité pointue, comme les sensilles trichoïdes. De même elles ne sont pas flexibles et sont percées de nombreux pores.
Les sensilles placodea existent seulement chez les hyménoptères et les coléoptères, groupes représentés par les abeilles, guêpes et fourmis d’une part et les scarabées et coccinelles de l’autre. Leur forme est comparable à celle d'une assiette ovale et plate. Leurs dimensions varient entre 9x16 µm et 5x65 µm.
          On trouve également des sensilles olfactives sur les palpes maxillaires et buccales des insectes. Chez la drosophile, une soixantaine de sensilles basiconiques sont situées sur les palpes maxillaires. Les odeurs ne sont donc pas uniquement interceptées par les antennes.
Les sensilles sont toutes semblables au niveau de l’organisation interne. Comme nous l’avons vu précédemment, elles possèdent un ou plusieurs neurones olfactifs, généralement 2 à 5. Mais ce nombre est parfois beaucoup plus élevé chez certaines espèces d'hyménoptères, telle l’abeille ou la fourmi. Les neurones sont chacun entourés de 3 cellules auxiliaires et baignent dans le liquide sensillaire.
Les neurones possèdent une dentrite (leur porte d’entrée) extérieure qui atteint la sensille et une dendrite intérieure. Ils sont bordés par trois types de cellules auxiliaires, et reliés par deux dispositifs de jonction. Tout d’abord des jonctions intercellulaires, telles que les jonctions gap, puis des desmosomes ponctuels ou ceinturants, où la membrane de la cellule auxiliaire adhère à une cellule voisine. L'espace entre ces cellules est donc isolé chimiquement et électriquement du liquide sensillaire.
Les trois structures auxiliaires sont :
     - la cellule thécogène qui entoure le corps cellulaire du neurone et fabrique la cuticule du « fourreau dendritique » ainsi que le liquide sensillaire
     - la cellule trichogène, est la plus grande des 3 cellules et élabore la cuticule de la sensille lors de la croissance de l’insecte
     - la cellule tormogène qui, lors du développement de la sensille, synthétise une partie de sa base. La cuticule permet donc le passage de substances du milieu aérien vers le liquide sensillaire.
Voici un schéma qui présente les caractéristiques d'une sensille olfactive :

CU : cuticule
HE : hémolymphe (équivalent du sang chez les insectes)
IDS : dendrite intérieure
ODS : dendrite extérieure
ORN : neurone olfactif
RL : liquide sensillaire
TE : cellule thécogène
TO : cellule tormogène
TR : cellule trichogène 

III - La réception 

          Chaque antenne possède un lobe antennaire, qui à une aire spécifique, associe un message olfactif précis. Chaque lobe antennaire est divisé en glomérules, entre autres composants. Un glomérule contient les prolongements de neurones sensoriels-les axones- et traite plusieurs odeurs (et une odeur peut être traitée par plusieurs glomérules).  
          Les phéromones sont transportées dans le liquide sensillaire, qui baigne les dendrites des neurones, grâce à des protéines comme l’OBP (Odorant Binding Proteins). Une des restrictions de cette protéine est la valeur du PH qui doit rester constante, car si elle varie, la forme de l’OBP change, le complexe protéine /lian aussi, donc l’action ne peut plus s’effectuer. Le pH normal auquel est effectuée la réception est de 6,5. L’OBP se mélange donc aux phéromones, et l’ensemble va se poser sur les dendrites des neurones. Ensuite, la voie de l’inositol phosphate (une des deux voies de transduction chimique) permet l’ouverture de canaux ioniques, tels que ceux d’ions calcium Ca++,par exemple,  qui vont modifier chimiquement la membrane. Enfn l’information pénètre dans le lobe antennaire ( qui correspond chez les vertébrés au bulbe rachidien) , plus précisement dans les macroglomérules (spécialisés dans la détection de phéromones), pour être décodée. Ainsi les neurones de réception, après avoir admis l’information, se chargent de transduire le message chimique en message nerveux  qui va être regroupé par les interneurones dans le lobe antennaire et finalement va être envoyé au protocerebron (partie la plus grande du cerveau)  grâce aux neurones de projection. Finalement, les actions spécifiques au message pourront être effectuées. Cette unification traduit la finalisation du proccès réceptif des phéromones, en laissant place au comportement de l’insecte. 


Ci-dessous une image artistique représentant la transduction :


          
          
         
          Les molécules volatiles sont donc à l’origine de la communication chimique entre les insectes. La rapidité et la précision du voyage qu’elles effectuent à travers les antennes est phénoménale. Ce sont elles qui vont permettre à une espèce de survivre, grâce aux actions primaires qu’elles engendrent.
Ainsi, les phéromones sont indispensables à la pérennité de l’espèce, et sans elles, la vie de ces petits êtres, pourtant si précieux à la biodiversité, serait impossible.





La réception chez les mammifères :
L'Homme et les animaux

          En tant que molécules plus ou moins volatiles, les odeurs voyagent. Mais qu’en est-il de leur réception par notre organisme ou celui des animaux ? Comment faisons-nous pour reconnaître « bonnes » et « mauvaises » odeurs et pourquoi l'odorat semble-t-il bien plus développé chez les animaux, notamment les mammifères ?

I - Le fabuleux voyage des molécules dans notre tête

          En passant devant une boulangerie d’où une sublime odeur de brioche s’échappe, devant chez le boucher, sentant l’odeur du poulet dorant sur la broche, la salive nous vient déjà à la bouche, en une inspiration… Mais que se passe-t-il exactement pendant cette simple inspiration, lorsque les molécules odorantes s’échappant des corps extérieurs viennent s’introduire dans notre nez ? Le système olfactif est sensiblement le même pour tous les animaux et les humains, à l’exception de animaux marins et des insectes.
 
Les molécules odorantes sont d’abord aspirées dans les fosses nasales (voir schéma ci-contre) lors de l’inspiration. Puis, passent par les cornets, des sortes de « chemins » osseux qui les conduisent à la muqueuse olfactive. Cette muqueuse atteinte, les molécules sont interceptées par des cils olfactifs, sur lesquels se trouvent des récepteurs olfactifs. Ceux-ci tracteront alors les molécules le long de l’épithélium olfactif : celui-ci est constitué de différentes cellules dont les neurones olfactifs, les cellules centrales en forme de long filament terminées par les cils précédemment évoqués, ainsi que des cellules de soutien produisant la muqueuse. Chaque neurone est relié à ce que l’on appelle des glomérules : c’est le premier relai de l’envoi du message au cerveau. Ce message est donc ensuite véhiculé vers le système limbique (et plus précisément le corps amygdaloïde) via le nerf olfactif.

          Le message a enfin atteint le cerveau : qu’est-ce que le système limbique ? C’est la région du cerveau régissant nos émotions, notre instinct et la réaction en conséquence de notre organisme comme la libération des hormones, par exemple. Cette zone du cerveau correspond également à la mémoire : l’hippocampe consolide et ravive nos souvenirs. C’est donc lui qui nous fait associer odeurs et souvenirs : nous associons alors une certaine odeur à une situation particulière, une personne, une ambiance et il est parfois possible qu’on ne puisse pas retrouver une odeur sans son contexte …


D’où le fait que chacun d'entre nous ait son avis propre sur les « bonnes » et les « mauvaises » odeurs qui, du même coup, nous influencent physiquement en fonction de ce qu’elles évoquent pour nous... De même, les chercheurs de nos jours tentent de prouver que les odeurs peuvent faire revenir des souvenirs, cependant il n’y a eu pour le moment aucune preuve concrète de l’efficacité de ces « thérapies des odeurs ». Ces odeurs sont aussi un moyen de défense : nous pouvons en reconnaître plus de 10 000 différentes et donc détecter un danger (comme une fuite de gaz, du « grillé »).
Chacun d'entre nous a également une odeur propre. C’est ce qui aide les mères animales à reconnaître leurs enfants et réciproquement : une expérience démontre même que les bébés seraient capables de reconnaître leur placenta, et que les spermatozoïdes se guideraient à l’odeur !
Ainsi, les odeurs nous définissent et peuvent influencer notre comportement. Mais elles sont un véritable mode de communication chez les animaux.
 

II - Le rôle et la place de l'odorat chez l'Homme et les animaux

          Le fonctionnement de l’odorat est à peu près le même pour tous les êtres vivants. Cependant, s'il revêt chez l’homme un caractère secondaire, voire bestial, il représente pour la plupart des mammifères le principal moyen de s’informer ; certaines espèces compensent leur vue médiocre par un odorat surdéveloppé. Par exemple, le chien possède une acuité visuelle 6 fois inférieure à celle des humains, mais son système olfactif est remarquablement élaboré.
En quoi l’olfaction des animaux est-elle différente de la nôtre et quelle est exactement la place des odeurs dans la vie animale ?
Nous pouvons d’abord nous interroger sur les caractéristiques morphologiques qui différencient notre capacité à sentir. Pour cela, concentrons nous sur les animaux dits macrosmatiques -dont la plupart des mammifères-, c’est-à-dire pourvus d’un odorat extrêmement fin : on distingue le chien, le rat, le rhinocéros … En fait, ces animaux sont capables de reconnaître bien plus d’odeurs que nous notamment grâce à leurs cornets (voir schéma du système olfactif , qui est pratiquement le même chez les animaux terrestres et les humains) qui sont plus vastes, contournés sur eux-mêmes, ce qui permet de diviser les odeurs à l’infini : c’est le cas en particulier chez les chiens. 


De plus, ils bénéficient d’une plus vaste surface de muqueuse : elle est d’environ 4cm² (avec 5 à 20 millions de cellules olfactives) chez l’homme … et de 150 à 200cm² (avec environ 200 millions de cellules) chez les animaux ! Cela fait déjà une nette différence et il semble que l’aire cérébrale soit également plus élevée pour ce domaine que chez l’humain. Voilà pourquoi l’odorat de la plupart des mammifères est 40 fois supérieur à celui de l’homme.
Si les chiens et les rats se reposent sur leur odorat, c’est aussi le cas pour les reptiles, et les poissons (bien qu’ils captent les odeurs d’une manière légèrement différente). C’est étonnant, mais il y a bien des odeurs dans l’eau et les poissons y sont particulièrement sensibles et peuvent détecter les moindres changements de l’eau dans laquelle ils vivent : d’ailleurs les saumons sont capable de retrouver l’endroit de leur naissance par ce moyen. Quant aux crustacés, le système olfactif est assez similaire à celui des insectes. Par contre, bien que ce soit par les odeurs que les oiseaux reconnaissent les régions, l’odorat est chez eux moins développé.
L’odorat est donc extrêmement développé chez les animaux, c’est pourquoi les odeurs occupent un rôle bien plus important chez eux que chez l’homme. En effet, ces animaux dépendent complètement de l’odorat : il leur permet de repérer leur nourriture, marquer leur territoire, retrouver leur chemin … On a même vu un chien qui, après avoir disparu pendant des mois, et retourné chez son maître alors que celui avait déménagé de la côte ouest de Etats-Unis, là où il a perdu son chien, à la côte est !

L’odorat des animaux régit leur comportement alimentaire, de toilette, sexuel et leur permet de communiquer : on appelle ça la communication olfactive, une communication chimique. A travers les molécules volatiles qu’ils émettent, les animaux peuvent donc transmettre de véritables émotions. Leur odorat surdéveloppé leur permet de réceptionner et d’interpréter ces « émotions ». Les chiens vont ainsi marquer leur territoire par l'urine, qui véhiculent de grandes quantités de phéromones d'espacement.

Les Hommes ont longtemps parlé de « sixième sens » pour décrire cette étrange capacité. Par exemple, les canidés « sentent » la peur, et vont donc réagir de manière agressive.
Ainsi, les êtres vivants sécrètent des odeurs, qui correspondent à différentes émotions. Malheureusement, seuls les animaux sont capables de les comprendre …


          Les odeurs nous entourent : plantes, hommes et animaux, elles régissent certaines de nos réactions, ravivent des souvenirs, et représentent un moyen de reconnaissance et même de communication pour la plupart des animaux. L’odorat n’est pourtant pas reconnu à sa juste valeur par l’homme : en effet, certains aspects de ce sens restent encore un mystère pour les scientifiques et son impact sur nôtre vie est sous-estimé. 



Les odeurs produites par l'Homme

          Bien souvent,  nous avons été incommodés par l’odeur que dégagent les gens que l’on croise dans la rue, dans les transports publics, au cinéma, parfois même par notre propre odeur.  Pourtant, ces dernières ne se dégagent pas par hasard de notre corps, créant parfois une gêne, voir même un complexe, chez les gens qui, par maladie ou excès de stress, sont atteints d’importantes sudations ou dégageant une odeur nauséabonde. Nous pouvons citer le syndrome  du « poisson pourri », scientifiquement nommé « triméthylaminurie », ou bien encore l’halitose, qui donne à notre halène une odeur désagréable.


I - Les odeurs corporelles

        Il ne faut pas confondre odeurs corporelles et phéromones, même si les deux sont dégagés par la sueur. Dans la réalité, les phéromones sont formées d’un composé unique et commun à toute l’espèce, alors que les odeurs corporelles, quant à elles, sont tout d’abord des mélanges complexes, variables d’un individu à l’autre. 
En effet, la sueur résulte du fait que le corps humain doit maintenir sa température aux alentours de 37° Celsius et peut transpirer si nécessaire. Quand il fait chaud, la production de sueur augmente et l’eau qui s’évapore prélève de la chaleur à la peau, refroidissant ainsi le corps. C’est par cette réaction que survient l’odeur corporelle. La sueur contient un mélange d’eau, de sels et de toxines. Elle est produite par des millions de glandes endocrines réparties sur l’ensemble du corps. 
Mais nous avons un autre type de glandes sudorales, qui se trouvent sous nos bras et à proximité de nos organes génitaux, baptisées glandes apocrines. Celles-ci produisent une sueur laiteuse qui contient des protéines et une substance appelée sébum, un hydratant naturel de la peau. Cette sueur laiteuse est l’aliment idéal pour de nombreuses bactéries qui se trouvent sur notre épiderme, sous nos bras et autour de notre sexe. Lorsqu’elles consomment cette sueur, ces bactéries produisent des composés chimiques odorants, responsables de nos effluves corporelles. Ainsi, plus longtemps on laisse à ces bactéries la liberté de consommer les composés de notre sueur (c'est-à-dire, en n’allant pas prendre une douche), plus l’odeur corporelle devient forte, et gênante pour les personnes environnantes.
Les déodorants et les antis transpirants sont les principaux produits développés afin de combattre les mauvaises odeurs. Cependant, ces derniers ont une action différente sur la sueur. Les déodorants ne perturbent pas l’émission de la sueur, mais ils contiennent des agents antiseptiques (qui tue les bactéries ou en prévient l’apparition) qui éliminent les bactéries à l’origine des odeurs corporelles, ainsi que des parfums. Par contre, les antis transpirants, eux, bloquent les pores pour empêcher la libération de sueur.

II - Les phéromones humaines
        
        Les phéromones sont des substances chimiques émises par tous les animaux et par certaines plantes. Elles jouent le rôle de messager pour signifier, par exemple, qu’une femelle est en période de chaleur. Elles peuvent être respirées, ingérées ou fonctionner par imprégnation à travers la peau, mais la plupart des phéromones sont volatiles. Les insectes les captent avec leurs antennes, les humains  avec un petit organe spécifique à l’intérieur du nez, nommé « voméronasal », qui ne fonctionne  pas chez l’homme, pensent les scientifiques, n’étant pas relié au cerveau. Pourtant, les phéromones ont bel et bien une influence sur les êtres humains, comme nous allons le prouver. En se mêlant aux odeurs, se mélangeant à la sueur et se dispersant rapidement dans l’air, elles véhiculent des informations sur l’identité, l’état physiologique ou émotionnel de l’individu qui les émet.
Les phéromones ont un rôle déterminant dans les relations et interactions. Depuis quelques années, les scientifiques ont réussi à synthétiser les phéromones sexuelles humaines. La caractéristique principale de cette phéromone est de donner un caractère sympathique et attirant à quelqu’un. Les phéromones seraient donc une explication scientifique à ce que beaucoup d’entre nous appellent « un charme mystérieux », car si nous sécrétons tous des phéromones, certaines sont plus puissantes que d’autres. 
De nombreuses expériences ont été réalisées, et les résultats sont surprenants, et encourageants pour tous les « séducteurs ». Lors de l’une de ces expériences, certains sièges de divers lieux publics (cinémas, théâtres, salles d’attente) furent vaporisés de phéromones mâles. Les scientifiques ont pu observer qu’une très grande majorité de femmes choisissaient inconsciemment ces sièges. 
Une autre expérience fut réalisée sur deux sœurs jumelles. L’une portait un parfum à base de phéromones, l’autre non. 100 hommes furent successivement présentés aux deux sœurs. A l’issue de cette entrevue, ils devaient désigner celle qui les attirait le plus (entre deux femmes en tout point identiques !). Résultat : 75% des hommes choisirent celle ayant utilisé les phéromones. De très nombreuses autres expériences telles que celle-ci furent réalisées, et toutes tendent vers les mêmes résultats… Les phéromones ont donc visiblement une incidence considérable sur l’attraction.


        Ainsi, les humains, hommes et femmes, produisent des molécules volatiles, des odeurs, qui peuvent être repoussantes … ou bien irrésistiblement attrayantes.